Tous les entraîneurs de l'histoire du Racing

#1 Robert Fischer 🇦🇹

🗓️ 1933-1934 / 16 matchs

Les informations sur Robert Fischer, né en Autriche en 1897, sont parcellaires et parfois contradictoires. Bien qu'il soit reconnu comme le premier entraîneur professionnel du Racing en 1933, son parcours avant et après cette période reste flou. A-t-il été pilote de chasse lors de la Première Guerre mondiale ? A-t-il été l'un des plus jeunes joueurs de l'histoire de la Wunderteam autrichienne des années 1910 ? A-t-il entraîné en Amérique du Sud avant d'arriver au Portugal ? Ce qui est sûr, c'est qu'il restera 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐚î𝐧𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐥'è𝐫𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐮 𝐑𝐚𝐜𝐢𝐧𝐠. Adepte des préparations physiques poussées à l'extrême, il n'a dirigé que les 16 premiers matchs de l'exercice 1933-1934, avant d'annoncer quitter le Racing dès le 6 janvier 1934 pour aller s'installer à Paris, où l'appelaient des "importantes affaires". Après avoir entraîné les équipes les plus prestigieuses des années 1930, il s'est engagé avec les Forces Françaises Libres lors de la Seconde Guerre mondiale, avec lesquelles il était officier d'aviation basé à Alger. Il est difficile de connaître sa date de décès, puisque deux sépultures à son nom et sans date de naissance, datées de 1954 et 1964, sont aujourd'hui répertoriées à Vienne.


#2 Friedrich Kerr 🇦🇹

🗓️ 1934-1935 / 49 matchs

Friedrich "Fritz" Kerr débarque au Racing en janvier 1934 en remplacement de Robert Fischer, parti sur un coup de tête lors des vacances de Noël. Ancien international autrichien de bon niveau (7 sélections entre 1914 et 1916) et homme discret, peu enclin à la médiatisation, il a rapidement imposé sa méthode et son football offensif. Il reste 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐚î𝐧𝐞𝐮𝐫 à 𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐝𝐢𝐫𝐢𝐠é 𝐥𝐞 𝐑𝐚𝐜𝐢𝐧𝐠 𝐞𝐧 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢è𝐫𝐞 𝐝𝐢𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧. Sous sa direction, l'équipe a réalisé une saison exceptionnelle en 1934-1935, terminant à une incroyable deuxième place en Division 1. C’est également lui qui a lancé Oscar Heisserer en équipe première. Avec près de 2,3 buts marqués par rencontre, il possède l'un des ratios offensifs les plus élevés de l'histoire du club !


#3 Joseph Blum 🇦🇹

🗓️ 1935-1938 / 102 matchs

Joseph "Pepi" Blum est l'un des premiers grands entraîneurs de l'histoire du Racing. Il fut également l'un des tous meilleurs joueurs autrichiens de l'Entre-deux-guerres, titulaire indiscutable dans la Wunderteam autrichienne (51 sélections, 27 capitanats). Il était surnommé "le champion du monde des footballeurs" dans les années 1920. Il a consacré sa vie au football et à sa compréhension, au point que ses différents entraîneurs lui demandaient fréquemment des avis. Il a raccroché les crampons en 1932, devenant directement un entraîneur réputé et couronné de succès. Son arrivée au Racing en 1935 a insufflé un nouvel élan au club, qui cherchait alors à s'imposer comme l'une des meilleures équipes de France. Grâce à sa vision du jeu et à son autorité naturelle, Blum a rapidement transformé l'équipe, lui donnant un style de jeu offensif et efficace qui a séduit les supporters. Son humilité et sa force de travail ont inspiré le respect de tous. Son physique d'athlète, très musclé, a inspiré ses joueurs. Sous ses ordres, le Racing a atteint la finale de la Coupe de France 1937 et proposé - sans doute - l'un des plus beaux football de l'histoire du club. En trois saisons, le Racing a toujours terminé dans les six premiers de Division 1. Il a même été pressenti pour diriger l'équipe de France en 1938, juste après avoir quitté l'Alsace.


#4 Karl Rumbold 🇦🇹

🗓️ 1938-1939 / 31 matchs (sans compter la Seconde Guerre Mondiale)

Karl Rumbold est le dernier entraîneur des années 1930 du Racing. Il fait partie de la lignée des techniciens autrichiens, très à la mode à cette époque. Avant cela, il a été international autrichien (1 sélection) et docteur en histoire de l'art alors que les premiers feux de la grande guerre s'allumaient déjà. Il est devenu entraîneur à seulement 27 ans, passionné par le jeu et la tactique. Au fil de sa carrière, il a gagné la réputation de pronostiqueur infaillible, capable de prédire le résultat final de chacun des matchs de ses équipes. Personnage érudit et passionné de peinture, il a notamment théorisé la préparation athlétique, convaincu que la pleine efficacité physique de chaque joueur est le point de départ du rendement de l'équipe. Il a dirigé le club pendant le début de la Seconde Guerre mondiale, alors que le Racing était exilé à Périgueux et disputait le championnat de Dordogne. Sous ses ordres, et c’est cocasse, Strasbourg a ainsi remporté le… championnat de Dordogne en 1939-1940.


#5 Émile Veinante

🗓️ 1945-1947 / 80 matchs
1948-1949 / 35 matchs
1960-1961 / 66 matchs

Juste après la Seconde Guerre mondiale, le Racing a frappé un (très) grand coup en attirant Émile Veinante, figure incontournable de l’équipe de France des années 1930. Le gaucher, spécialiste des corners directs, a notamment participé à trois Coupes du Monde en compagnie des Strasbourgeois Frédéric Keller et Oscar Heisserer. Le Messin de naissance a rapidement fait ses preuves sur le banc de touche alsacien, propulsant le Racing à la troisième place de Division 1 dès 1947. Sous ses ordres, le club a également atteint la finale de la Coupe de France en 1947. En constante réflexion sur le jeu, il a été l’un des premiers entraîneurs français à apporter des modifications à la rigide tactique en WM (3-2-2-3) de l’époque. Il a effectué trois passages au club entre 1945 et 1961. Émile Veinante a lancé plusieurs joueurs alsaciens majeurs de l’histoire du club tels Joseph Heckel, Frédéric Woehl et François Remetter.


#6 Kaï Andrup 🇩🇰

🗓️ 1947-1948 / 35 matchs

Kaï Andrup a signé comme entraîneur du Racing à l’été 1947. Il a été un joueur de très bon niveau dans les années 1920, probablement international danois. À son apogée de joueur, champion avec le Stade Français, l’éternel romantique du football a favorisé un chemin en amateur. Celui qui adorait transmettre à la jeunesse s’est ainsi formé au métier d’entraîneur, qu’il a exercé avec brio à Troyes, Auxerre, Amiens et Nancy. Reconnaissant envers la France, son pays d’adoption et de cœur, Kaï Andrup s’est engagé dans la Légion étrangère lors de la Seconde Guerre mondiale. Il a été fait prisonnier en 1940 avant de s’évader et de rejoindre la Résistance sous couverture. Sous ses ordres en 1947-1948, le Racing a marqué 82 buts. Il s’agit encore aujourd’hui du record historique du club alsacien sur une seule saison de première division !


#7 Charles Nicolas

🗓️ 1949-1952 / 109 matchs

Le nom de Charles Nicolas est souvent associé à l’affaire de corruption ayant entaché le Red Star Saint-Ouen au milieu des années 1950. Mais il ne faut pas oublier que c’est sous ses ordres que le Racing a remporté – avec les honneurs - le premier titre de son histoire, la Coupe de France 1951. Il a succédé à Émile Veinante - l’ancien coach - revenu au club pour un deuxième passage en 1948. Arrivé au club en provenance de Colmar, avec qui il avait réussi l’exploit d’accéder à l’élite, le Breton d’origine était d’une grande flexibilité tactique. Il n’a d’ailleurs pas hésité à faire jouer le défenseur central Raymond Kaelbel à l’aile ou en pointe pour le bien de l’équipe. Lors d’un match de Coupe de France contre Nîmes en 1951, il a tout changé à la mi-temps alors que le Racing était mené 0-3. Résultat : une victoire éclatante 5-3 ! Homme peu bavard et flegmatique, son nom restera à jamais rattaché à la mythique victoire du Racing en Coupe de France 1951.


(Interim) Secundo Pascual 🇪🇸

🗓️ 1952 / 5 matchs

Le 13 avril 1952, le Racing de l'entraîneur Charles Nicolas est déjà condamné à la D2. Il résilie son contrat d'un commun accord avec la Direction pour filer à Toulouse. L'ancien joueur du Racing, Secundo Pascual, connu favorablement pour son application et son sérieux, assure l'intérim pendant cinq matchs.


#8 Josef Humpal 🇨🇿

🗓️ 1952-1955 / 117 matchs
1958-1960 / 84 matchs

Recruté pour diriger un Racing relégué en Division 2 à l’été 1952, Josef Humpal a cumulé les fonctions d’entraîneur et de joueur. Réputé pour sa précision sur phases arrêtées, il a marqué 20 buts en 49 rencontres avant de vêtir presque exclusivement le costume de coach. Au club, il s’est fait le chantre du modernisme, proposant notamment des séances d’oxygénation après les entraînements. Du jamais vu – ou presque – à l’époque. Lors de ses deux passages, le Racing a proposé un football très offensif, terminant 23 rencontres avec au moins quatre buts marqués, un record pour un entraîneur du club. Celui qu’on surnommait affectueusement Pépi était un formateur né. Il a incarné la politique de formation du Racing des années 1950, n’hésitant pas à lancer quatre futurs joueurs de l’équipe de France : Gilbert Gress, Gérard Hausser, Lucien Muller et Jean Wendling.


#9 Oscar Heisserer

🗓️ 1955-1956 / 29 matchs

Oscar Heisserer est encore aujourd’hui considéré comme le plus grand footballeur alsacien de tous les temps. L’ancien capitaine du Racing et de l’équipe de France a marqué l’histoire du club en tant que joueur. Un peu moins de dix ans après avoir raccroché les crampons et embrassé une carrière d’entraîneur à Lyon, le natif de Schirrhein est revenu chez lui, au Racing, à l’été 1955. Il restera le premier entraîneur alsacien de l’histoire du club, même s’il n’a pas connu la même gloire sur le banc que sur le terrain. Personnage respecté et écouté, réputé un peu autoritaire et amoureux de sa région, il n’a dirigé que 29 rencontres avant d’être remplacé – sans regret - au cours de la saison 1955-1956. Il a d’ailleurs avoué à posteriori avoir été grandement déçu par le métier d’entraîneur, qui n’était visiblement pas fait pour lui.


(Interim) Albert Freyermuth

🗓️ 1956 / 9 matchs


#10 Jean Avellaneda

🗓️ 1956-1957 / 40 matchs

En recrutant Jean Avellaneda à l’été 1956, les dirigeants du Racing ont fait un pari audacieux. Ancien joueur de Bordeaux et de Marseille, il était un formateur reconnu après avoir lancé plusieurs jeunes joueurs, notamment à Perpignan. Ses principes de jeu ont fait de lui une référence dans l’Hexagone. Durant toute sa carrière, il a prôné un jeu de possession fait de passes courtes, bien loin des principes d’époque axés sur les longs ballons vers l’avant et le combat physique. Malheureusement, ses principes ont fait long feu en Alsace. Malgré un bon début de saison 1956-1957, le Racing a été relégué en Division 2 avec un effectif qu’il jugeait trop limité techniquement malgré la présence de la légende Ernst Stojaspal. De son propre aveu, il n’a pas conservé un grand souvenir de son passage au club, si ce n’est de la région. Ce qui n’est pas anodin pour un ce pur Latin, originaire d’Afrique du Nord et descendant d’Espagnols.


#11 Ferdinand Faczinek 🇸🇰

🗓️ 1957-1958 / 47 matchs

Tout a failli démarrer vingt ans plus tôt ! Le Tchécoslovaque Ferdinand Faczinek a failli signer au Racing dès 1937, mais comme joueur. C’est en effet avec Strasbourg qu’il a effectué son premier essai en France, lors d’un match amical face à Sochaux. Mais ce sont finalement les Sochaliens qui ont raflé la mise avec l’international tchécoslovaque (8). Son histoire avec l’Alsace s’est donc poursuivie à l’été 1957 après un passage remarqué comme entraîneur de Niort, qu’il a hissé au plus haut niveau amateur. Au Racing, Ferdinand Faczinek a réussi le pari de faire remonter l’équipe dès la première saison. Mais la promotion a été difficile à obtenir, et l’entraîneur est tombé en disgrâce aux yeux des dirigeants. Il était connu pour son management tout en rondeur. Il lui arrivait même de laisser son capitaine René Hauss diriger quelques séances d’entraînement.


#12 Robert Jonquet

🗓️ 1961-1964 / 113 matchs

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Robert Jonquet sous le maillot des Bleus lors de la Coupe du Monde 1958 | Photo Presse Sports

Décembre 1961. Après une terrible série de 17 matchs consécutifs sans succès, le Racing se sépare d’Émile Veinante et nomme… Robert Jonquet, son libéro de 36 ans, comme entraîneur principal. Longtemps considéré comme le meilleur défenseur français, finaliste de la C1 et capitaine des Bleus lors de la Coupe du Monde 1958, Robert Jonquet était un grand timide, solitaire, passionné de chasse et de pêche. Il a ainsi forcé sa nature pour enfiler le costume du plus jeune entraîneur du championnat de l’époque. Et signer le meilleur démarrage pour un coach de l’histoire du Racing, avec 4 succès consécutifs ! Sous ses ordres, le Racing a remporté la première édition de la Coupe de la Ligue Nationale en 1964. Il restera comme le bâtisseur de la génération dorée du milieu des années 1960, qui remportera la Coupe de France et écrira parmi les plus belles pages européennes de l’histoire du Racing. À l’été 1964, il n’a pas pu résister aux sirènes du Stade de Reims, son club de cœur, qui l’a appelé pour une opération sauvetage.


#12 Paul Frantz

🗓️ 1964-1966 / 107 matchs
1968-1970 / 108 matchs
1971 / 9 matchs
1976 / 17 matchs

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Paul Frantz porté en triomphe par ses joueurs après une victoire en 1966 | Photo Presse Sports

Paul Frantz est assurément l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du Racing. Quelques lignes ne suffiront pas pour résumer sa vie et son œuvre. L’Alsacien, natif de Wittisheim, n’a jamais fait partie du sérail. Sorti major national des entraîneurs en 1958, il est toujours resté l’amateur dans le monde des professionnels. Quand Joseph Heintz lui a proposé le poste d’entraîneur du Racing en 1964, il n’était « que » conseiller technique à la LAFA et instructeur national à la FFF. Quand il a accepté le poste, quelques secondes plus tard, il a souhaité conserver son métier de professeur d’éducation physique et sportive au CREPS de Strasbourg. Il y a ramené la Coupe de France 1966 à ses élèves ébahis, l’aboutissement d’années de travail et de théorisation du football. Celui qu’on surnommait Le Professeur a usé de méthodes révolutionnaires pour placer le Racing tout en haut du football hexagonal, loin des dogmes des années 1960. Ainsi, il a modifié – et durci – la préparation physique de ses joueurs et introduit la contraction isométrique dans les séances de musculation des jambes de ses hommes. Sur le plan tactique, Paul Frantz a également été un pionnier de ce qu’il appelait la psychomotricité, qu’on peut définir aujourd’hui comme le jeu sans ballon. Et c’est dans son avant-gardiste et scientifique 5-3-2 avec libéro que le Racing a connu parmi les plus belles heures de son histoire continentale, en éliminant l’AC Milan et le FC Barcelone de la Coupe des villes de foires en 1964-1965. Lors de ses différents passage, Paul Frantz a ainsi marqué l’histoire du Racing et du football français de son empreinte indélébile. Nombreux sont ses disciples, parmi lesquels Robert Herbin, Michel Hidalgo, Gérard Houiller ou encore Aimé Jacquet.


#14 Walter Presch 🇦🇹

🗓️ 1966-1967 / 35 matchs

Ancienne gloire du Racing des années 1930, Walter Presch s’est engagé comme entraîneur principal du Racing à l’été 1966. Sa (lourde) tâche : succéder à la légende Paul Frantz, qui venait de démissionner, et maintenir le Racing dans les hautes sphères nationales et continentales. Mais l’Autrichien n’était en fait qu’un intérimaire assumé, puisque le poste d’entraîneur du Racing a été promis de longue date à la légende René Hauss pour la saison suivante. Il a d’ailleurs été remplacé par son capitaine un peu plus tôt que prévu, dès le mois de mars 1967. À noter que quelques années plus tôt, le 3 septembre 1933, il marquait le premier but de l’histoire professionnelle du Racing.


#15 René Hauss

🗓️ 1967-1968 / 42 matchs

Lorsqu’il était joueur, René Hauss était déjà entraîneur. Le natif de Lingolsheim a porté plus de 300 fois le brassard de capitaine du Racing. Il s’est ainsi inspiré des meilleurs entraîneurs qu’il a croisés en Alsace, toujours avide d’explications tactiques et de leçons de management. En parallèle de sa carrière de joueur, René Hauss entraînait déjà l’équipe réserve du Racing dans laquelle il piochait volontiers pour renforcer les professionnels. Il est d’ailleurs sorti major du stage national des entraîneurs 1965-1966 avant de prendre les rênes de l’équipe première en mars 1967. Il en était encore le capitaine, à plus de 39 ans. Le légendaire latéral droit a finalement construit sa carrière d’entraîneur loin de l’Alsace, notamment au Standard Liège et à Sochaux, où il avait gagné le surnom de Monsieur Tactique.


(Interim) Raymond Kaelbel

🗓️ 1968 / 1 match


#17 Paco Matéo 🇪🇸

🗓️ 1970 / 13 matchs

Pour comprendre l’héritage que Francisco Matéo a laissé en Alsace, il suffit de monter dans le tram D jusqu’à Koenigshoffen et d’emprunter la rue Colette, celle du stade qui porte son nom. Un honneur réservé aux géants. Joueur de génie dans les années 1940, il était une sorte de Beckenbauer avant l’heure tant le football était facile pour lui. Animateur né, l’Espagnol passait son temps à blaguer, mimer, faire des tours de magie et imiter. Celui qu’on surnommait affectueusement Paco restera comme un papy pour plusieurs générations d’Alsaciens. Transmettre et taper la balle avec les gamins de la région était son bonheur. Devenu formateur au Racing, c’est ainsi que deux des plus belles générations de l’histoire du club sont passées entre ses mains. Celles des Hausser, Schuth et Gress dans les années 1960, puis les futurs champions de France : Specht, Gemmrich, Wagner et Deutschmann. Son court passage comme entraîneur de l’équipe première, en 1970, ne restera pas dans les annales. Son héritage, en revanche, ne s’éteindra jamais.

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Paco Matéo (deuxième à droite) avec ses coéquipiers en 1947 | Photo Presse Sports


#18 Jenő Czaknady 🇭🇺

🗓️ 1971 / 11 matchs

Février 1971. Alors en pleine crise sportive, le Racing recrute le Hongrois Jenő Csaknady. Il s’agit déjà du troisième entraîneur de la chaotique saison 1970-1971… Connu pour être un intellectuel érudit, passionné d’échecs, de Nietzsche et Schopenhauer, il a notamment co-écrit plusieurs livres théoriques sur le football. Il a connu de grands succès en Allemagne - son pays d’adoption après l’invasion soviétique de 1956 – notamment avec Nuremberg qu’il a brillement redressé. Malheureusement, le miracle n’a pas eu lieu en Alsace. Pire, son histoire au club a tourné court… Trop autoritaire et rigide, il a démissionné avec fracas quelques semaines après son arrivée ! Les méthodes d’entraînement de celui qui s’adressait à ses joueurs en les appelant « Monsieur » ont fait long feu. Ils précipitèrent son départ en refusant de s’entraîner le lundi de Pâques.


#19 Casimir Nowotarski

🗓️ 1971-1973 / 90 matchs

Toute l’Alsace savait qui était Casimir Nowotarski. D’abord grâce à sa carrière de joueur, l’un des meilleurs de la région, grand animateur des derbys mythiques entre La Walck et Wittelsheim mais aussi du Racing (49 matchs, 5 buts). Puis comme entraîneur. Sorti major du stage national des coachs en 1966, il a d’abord hissé le club d’Évian au plus haut niveau régional avant d’être contacté par le Racing à l’été 1971. Sous sa direction, le club a rapidement retrouvé l'élite et établi un record toujours en vigueur de 92 buts marqués lors de la seule saison 1971-1972. Il a notamment démocratisé son offensif 4-3-3 (avec Ivan Osim en meneur de jeu derrière Marco Molitor) plutôt que la rigide WM d’époque. Reconnu pour ses qualités pédagogiques et sa capacité à faire progresser les jeunes joueurs, Casimir Nowotarski a toujours donné leur chance aux talents en devenir. Il restera à jamais l’entraîneur qui a lancé Léonard Specht, Albert Gemmrich et Roland Wagner avec les professionnels.


#20 Robert Domergue

🗓️ 1973-1974 / 27 matchs

Il savait tout faire, Robert Domergue ! Ses – nombreux – détracteurs diront l’inverse, mais celui qui est devenu entraîneur du Racing lors du triste mois de novembre 1973 a posé les jalons de la réussite du club de la fin des années 1970. Personnage clivant, sorte de manager à l’anglaise, Robert Domergue prônait une vision novatrice du football : un jeu de passes courtes et la défense en ligne pour prendre l’adversaire au piège du hors-jeu. Une véritable révolution à l’époque ! D’abord arrivé comme directeur sportif, le natif de Cannes avait la charge du recrutement et de la formation. Il est d’ailleurs à l’origine des signatures des légendes Dominique Dropsy et Jacky Duguépéroux. Mais après un début de saison 1973-1974 raté, il est nommé entraîneur de l’équipe première malgré la fronde de la majorité du vestiaire. Homme fidèle à ses principes, il permet au club de se maintenir et retrouve son poste de directeur sportif en fin d’exercice.


🗓️ 1974-1976 / 67 matchs

Chaque été laisse son empreinte. Sa chanson. Son équipe de foot. Celui de 1974 restera à jamais marqué par les Pays-Bas de Johan Cruyff et Rinus Michels, magnifiques finalistes de la Coupe du Monde. C’est pour s’adapter à cette mode batave que le Racing a jeté son dévolu sur l’entraîneur en vogue en provenance du Roda JC. Le football total de Hendrikus Hollink - validé par le directeur sportif Robert Domergue - nécessitait une polyvalence accrue : les attaquants défendaient et les défenseurs attaquaient ! Le génial meneur de jeu Giora Spiegel s’est ainsi retrouvé libéro, ce qui ne l’a pas empêché de terminer… meilleur buteur de l’équipe en 1974-1975. Il restera également l’entraîneur ayant le plus souvent aligné la même équipe d’un match à l’autre (8 fois de suite entre août et septembre 1974). En désaccord avec la direction, notamment sur la politique principalement axée sur l’essor de jeunes talents, il fait les frais du mauvais début de saison 1975-1976 et quitte le Racing.


#22 Heinz Schilcher 🇦🇹

🗓️ 1976 / 13 matchs

De l’audace, toujours de l’audace. En quête permanente d’innovation et de modernité, les dirigeants du club ont tenté un pari fou : faire signer le jeune autrichien Heinz Schilcher comme… entraîneur-joueur ! Milieu de terrain réputé, capable de dépanner en défense centrale, double vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions avec l’Ajax, il demeure encore aujourd’hui le plus jeune entraîneur à avoir dirigé un match de l’équipe première du Racing (29 ans et 128 jours). Mais de son propre aveu, la responsabilité était bien trop lourde. Après treize rencontres mitigées, le club fit appel à la légende Elek Schwartz pour épauler l’Autrichien. Il le conseilla jusqu’à la nomination programmée de Gilbert Gress à l’été 1977.

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La licence originale de joueur de Heinz Schilcher| Musée RCSA


#23 Alexander Schwartz 🇷🇴

🗓️ 1976-1977 / 30 matchs

Le hasard fait parfois bien les choses. À la recherche d’un entraîneur expérimenté pour épauler Heinz Schilcher, le Racing n’a eu que quelques kilomètres à parcourir pour trouver l’homme providentiel. Alexander Schwartz, véritable légende du Racing des années 1930, avait depuis peu posé ses valises à Haguenau, la ville de son épouse. Ancien sélectionneur des Pays-Bas et du Portugal, finaliste de la C1 avec le Benfica d’Eusébio, le Roumain d’origine – naturalisé français – apporta sa science tactique, sa sagesse acquise au fil des grandes compétitions et son calme à la jeune garde alsacienne. Sous ses ordres, en binôme avec l’Autrichien Heinz Schilcher, le Racing a logiquement remporté le titre de champion de France de D2 en 1976-1977, le premier de l’ère professionnelle du club. Il pouvait ainsi se retirer avec le sentiment du devoir accompli.


#24 Gilbert Gress

🗓️ 1977-1980 / 152 matchs
1992-1994 / 119 matchs
2009 / 2 matchs

On l’appelle généralement trois fois dans l’année : à la saint Gilbert, à la saint Modeste et à la saint Parfait. Cette boutade vient de lui. Et elle lui sied à merveille. Joueur de niveau international — il totalise trois sélections en équipe de France — puis entraîneur de génie, Gilbert Gress restera à jamais un personnage central de l’histoire du Racing. Il faudrait tout un pan de musée pour raconter l’histoire de celui qui a tout donné pour le club de sa vie. Comme joueur, le natif de Strasbourg y a disputé 294 matchs, remportant au passage la Coupe de la Ligue Nationale 1964 et la Coupe de France 1966. Il était aussi de toutes les aventures européennes, passeur décisif de légende au Camp Nou contre le FC Barcelone. Comme entraîneur, Gilbert Gress n’a eu besoin que de quelques semaines pour tout révolutionner au Racing. À l’époque du football vertical, imprévisible voire erratique des années 1970, Gilbert Gress prônait un jeu de possession lent, fait de… passes en retrait. Un sacrilège ! Leader charismatique, respecté et parfois craint par ses propres joueurs, il a emmené le Racing — son Racing — à son seul titre de champion de France en 1979. Avec une équipe composée aux deux tiers de joueurs alsaciens, Schilles a changé la vie de tous les Alsaciens. Son licenciement par André Bord en 1980 a même provoqué des émeutes au Stade de la Meinau, les supporters mettant le feu (!) à la tribune en guise de protestation. Plusieurs années plus tard, attendu comme le messie, il a encore endossé le costume de héros en permettant au club de retrouver l’élite. Le barrage contre Rennes, le 13 mai 1992, est peut-être le match le plus mythique de l’histoire du club, un vertige collectif, le repère émotionnel de toute une génération. Il n’a pas connu le même succès lors de son éphémère passage en 2009, mais la mythologie autour du personnage reste entière. C’est la mythologie Gress !

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Gilbert Gress et sa célèbre tignasse lors d'une séance d'entraînement | Photo Icon Sports


#25 Raymond Hild

🗓️ 1980-1981 / 55 matchs

Gilbert Gress l’avait désigné comme son meilleur successeur. C’est ainsi que le Racing a offert à Raymond Hild, alors responsable de son centre de formation, l’opportunité de prendre les rênes de l’équipe première. En pleine crise de gouvernance, était-ce vraiment un cadeau ? Dans une équipe à la peine, le natif de Weyersheim a tout de même obtenu des résultats honorables, en atteignant notamment la demi-finale de la Coupe de France 1981 contre les Verts de Michel Platini. Mais celui qu’on surnommait Max était avant tout un dénicheur de talent hors pair. Il pouvait passer des heures à regarder du football, soit devant la télévision — surtout la Bundesliga — ou accoudé à la barrière d’un terrain. Raymond Hild n’avait pas son pareil pour détecter le potentiel d’un joueur, même après une prestation inaboutie. Considéré comme l’un des meilleurs recruteurs français au mitan des années 1980, il a repéré et lancé plusieurs générations exceptionnelles, notamment celle des champions de France 1979 (Gemmrich, Specht, Marx, Tanter, Wenger). Plus tard, dans les années 1990, il a été à l’origine des arrivées de Marc Keller, Ivan Hasek, Martin Djetou, Alexander Vencel ou encore Danijel Ljuboja.


#26 Roger Lemerre

🗓️ 1981-1983 / 63 matchs

C’est une histoire méconnue. Avant de devenir le légendaire adjoint d’Aimé Jacquet lors du sacre des Bleus en 1998, puis le sélectionneur des champions d’Europe en 2000, Roger Lemerre a entraîné le Racing ! Lors de la trêve internationale de novembre 1981, le Racing se cherchait un nouveau technicien. Dans l’obligation de se tourner vers un entraîneur français, en raison d’une règle imposée par le syndicat des entraîneurs, André Bord a porté son choix sur le jeune Roger Lemerre. Sorti major du stage national des entraîneur, l’ancien international (6 sélections) avait la réputation d’être sévère et intransigeant. Pour la première expérience de sa carrière dans l’élite, il a obtenu deux maintiens consécutifs avec un effectif particulièrement jeune et inexpérimenté, dépourvu de ses derniers champions de France 1979.


#27 Jürgen Sundermann 🇩🇪

🗓️ 1983-1985 / 68 matchs

Son surnom n’y a rien changé… Jürgen Sundermann, alias Wunderman — Wunder signifiant miracle — n’a pas réussi à enrayer la désaffection du public. Pourtant, à son arrivée, à l’été 1983, les nostalgiques de l’ère Gilbert Gress étaient séduits par cet Allemand que tout le monde connaissait. Francophone depuis son passage réussi au Servette Genève, il était précédé d’une flatteuse réputation pour avoir hissé le VfB Stuttgart en première division. Quelques années seulement après le titre de champion, le Racing était devenu un club du milieu de tableau. Avec son football estampillé Bundesliga, l’Allemand avait pour mission de pratiquer un jeu offensif et attrayant pour remplir l’immense Meinau dont les travaux s’achevaient. Si les préceptes défensifs de l’international allemand (1 sélection) ont bien été intégrés par ses joueurs, l’attaque a clairement failli. Sous ses ordres, le Racing a battu le record de matchs nuls lors d’une même saison dans l’élite (17 — dont huit fois 0-0). Malgré une attaque séduisante avec Eric Pécout, Gérard Soler et Walter Kelsch, le Racing était à égalité de points avec le premier relégable en mars 1985. Pour éviter la relégation, André Bord décida de limoger le technicien et de promouvoir une ancienne gloire du club : Jean-Noël Huck. Dans une relative indifférence.


#28 Jean-Noël Huck

🗓️ 1985 / 38 matchs

Sept jours à peine séparent le dernier match de Jean-Noël Huck comme joueur et son premier en tant qu’entraîneur du Racing. En mars 1985, alors que le club se battait pour rester en première division, le comité a décidé de nommer sans transition l’expérimenté milieu de terrain. Né à Mutzig et grand amoureux du club et de la région, Jean-Noël Huck était un artiste sur le terrain, sélectionné 17 fois en équipe de France. Ses grandes chevauchées balle au pied fleurent bon les années 1970 et ravivent des souvenirs enchantés. D’abord appelé pour diriger le centre de formation, le grand ami d’Arsène Wenger s’est rapidement retrouvé sur le terrain pour apporter en qualité. Puis sur le banc. Pour assurer le maintien, il a fait confiance à plusieurs jeunes du centre de formation, parmi lesquels Vincent Cobos et Christophe Niesser, avant de céder sa place juste avant Noël en 1985.


#29 Francis Piasecki

🗓️ 1985-1986 / 25 matchs

Francis Piasecki a été le premier champion de France 1979 à prendre la tête de l’équipe première. Reconverti entraîneur de l’équipe réserve depuis quelques mois, il a été appelé à la rescousse des professionnels en perdition, à l’hiver 1985. Totalement novice à ce poste, l’ancien meneur de jeu de génie a fait preuve — comme sur le terrain — de beaucoup de créativité. S’il n’a pas réussi à sauver le club d’une relégation devenue inévitable, sa flexibilité tactique a laissé quelques bons souvenirs. Adepte du poste de numéro 10, forcément, il n’a pourtant pas hésité à placer ses joueurs en 4-2-4 et même en 3-4-3, un système rare et audacieux à l’époque !


(Interim) Jean-Pierre Dogliani

🗓️ 1986 / 1 match

Le directeur technique du Racing assure l'intérim pendant une rencontre. Il est assisté de Didier Six, encore joueur, qui hérite au passage du brassard de capitaine… Le Racing, tout juste relégué en D2, s'incline lourdement 4-1 à Caen, avant de nommer le mythique Robert Herbin à la tête de l'équipe.


#30 Robert Herbin

🗓️ 1985-1986 / 25 matchs

Il faut ouvrir un dictionnaire des synonymes et s’arrêter au mot légende pour définir le statut de Robert Herbin dans le football français ! Milieu de terrain de la première grande génération de l’AS Saint-Étienne, il restera aussi l’entraîneur qui a mené les Verts en finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1976, finale perdue face au Bayern de Munich à Glasgow (0-1). Nommé à la tête d’un Racing englué dans le ventre mou en deuxième division, Robert Herbin n’a pas réussi à faire remonter le club dans l’élite. Il a néanmoins solidifié les bases de l’équipe en installant un jeu à vocation très défensive. Avec Robert Herbin, les attaquants défendaient sans broncher, offrant au Sphinx l’une des meilleures moyennes de buts encaissés par match de l’histoire du club (0,92). Il officiait tel un manager à l’Anglaise, laissant son adjoint Freddy Zix diriger les séances. Toujours pieds nus dans ses crampons, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, il était un intellectuel du football et de la vie. Homme de peu de mots, il laisse encore aujourd’hui un souvenir mémorable aux joueurs qu’il a dirigés.

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Robert Herbin (à droite) avec Gilbert Gress en 1979 | Photo Icon Sports


#31 Henryk Kasperczak 🇵🇱

🗓️ 1987-1988 / 54 matchs

À l’été 1987, le Racing affichait ouvertement son ambition de retrouver l’élite. Pour y parvenir, le club a jeté son dévolu sur le Polonais Henryk Kasperczak, qui venait de faire remonter Saint-Étienne. Véritable vedette dans son pays, celui qui a terminé sur le podium de la Coupe du Monde 1974 comme joueur a exporté des méthodes d’entrainement bien à lui, inspirées des pays de l’Est. S’il était proche de ses joueurs et toujours ouvert au dialogue, le vainqueur de la Coupe de France 1984 avec Metz ne transigeait jamais sur le sérieux. Ce mot revient d’ailleurs systématiquement dans les interviews filmées que nous avons pu consulter dans les archives. Avec la méthode Kasperczak, à base de rigueur et de discipline, le Racing a remporté la Division 2 en 1988. S’il n’a pas survécu à la mauvaise période du début de la saison 1988-1989, le Polonais naturalisé Français aura été le premier entraîneur du club à tenir une saison entière depuis Jürgen Sundermann, en 1983-1984. Lors de son passage, il présente un excellent ratio de 50% de succès toutes compétitions confondues.


(Interim) Jean-Pierre Dogliani

🗓️ 1988 / 1 match

Le bras droit de Daniel Hechter assure un douloureux intérim contre Caen. Comme lors de son premier intérim en 1986, il s'incline contre l'équipe normande (1-2), malgré l'ouverture du score du Brésilien Pita.


#32 Gérard Banide

🗓️ 1988-1989 / 34 matchs

Reconnu pour ses qualités de formateur, l’ancien adjoint de Michel Hidalgo à l’Euro 1984 est arrivé au chevet d’un Racing en grande difficulté. Sa mission, comme — trop — de ses prédécesseurs : sauver le Racing de la relégation après un démarrage de saison raté. Et Gérard Banide, passé par Monaco, Mulhouse et l’OM, n’a pas fait les choses à moitié : pour sa première séance d’entraînement, il a privé les joueurs de ballon, leur imposant une séance physique d’une intensité rare. Convaincu que les carences athlétiques de ses joueurs étaient à l’origine du mauvais classement du club, il a tenté — en vain — de redresser la situation. Il restera également celui ayant vécu le dramatique décès du jeune Vincent Sattler, prodige du centre de formation, qu’il avait transformé en titulaire. Malgré une deuxième partie de saison réussie, le Racing était une fois encore relégué à l’issue d’un barrage houleux face à Brest. Maintenu dans ses fonctions, il démissionne avec fracas, quelques semaines après le début de l’exercice 1989-1990, échaudé par l’attitude des supporters. La vérité oblige à dire que la période était complexe… Mais il faut croire que l’alliance entre le Racing et cet homme du Sud à l’accent chantant et au tempérament latin ressemblait au mariage de la carpe et du lapin.


#33 Léonard Specht

🗓️ 1989-1991 / 76 matchs

Joueur de légende du Racing, international français, quatre fois champion de France. Cette simple énumération suffit à situer le personnage. En pleine tempête, au crépuscule de l’été 1989, le Racing décide de faire appel à son mythique défenseur, réputé pour son calme et son sérieux. Léonard Specht, garant de l’identité alsacienne, a toutefois embrassé sa carrière d’entraîneur un peu plus tôt que prévu, quelques semaines seulement après sa retraite sportive. Mais qui d’autre pour tenter d’enrayer la spirale négative et la morosité ambiante ? Conscient de l’environnement, le natif de Mommenheim a construit un groupe à son image : travailleur et discipliné. Avec lui, les futurs champions du monde 1998 Youri Djorkaeff et Frank Leboeuf ont découvert le haut niveau. Mais sous ses ordres, le Racing a échoué deux fois lors des barrages d’accession à l’élite. D’abord contre Nice en 1989 (3-1, 0-6) puis Lens en 1990 (1-1, 1-3). Remplacé par Gilbert Gress, enfin de retour après des années de pression d’une partie du public, il s’agit de sa seule expérience sur un banc de touche.


#34 Daniel Jeandupeux 🇨🇭

🗓️ 1994-1995 / 35 matchs

L’éphémère passage de Daniel Jeandupeux au Racing peut se résumer en deux périodes distinctes. La première : celle de la lune de miel, comme les cent premiers jours d’une personnalité politique. Le Suisse, élu meilleur entraîneur de D1 par France Football en 1991, a profité d’un effectif au talent hors norme, peut-être le meilleur de la décennie. Emmené par le génial et imprévisible Aleksandr Mostovoï, le Racing a proposé à ses supporters une qualité de jeu exceptionnelle. La victoire 5-0 contre Martigues, le 31 août 1994, reste encore aujourd’hui un modèle ! Mais les nuages ont vite assombri le ciel de la Meinau, ouvrant une seconde phase, celle du désordre, jusqu’à sa mise à pied en mars 1995. La conséquence de déclarations fracassantes à la presse à l’encontre du Président Weller et de dissensions croissantes avec les joueurs, dont un conflit ouvert avec le plus connu d’entre eux, Franck Sauzée. Mais le Suisse, tombé amoureux de Hangenbieten, le village où il avait posé ses valises, aura malgré tout posé les premières bases de l’effectif finaliste de la Coupe de France 1995.


#36 Jacky Duguépéroux

🗓️ 1995-1998 / 148 matchs

Ne cherchez pas plus longtemps, vous avez sous les yeux l’homme le plus titré de l’histoire du Racing. Une véritable légende, le destin qu’un petit garçon n’oserait même pas imaginer. Un rêve devenu réalité à force de travail et de persévérance. En tant que joueur, d’abord, Jacky Duguépéroux a porté le brassard de capitaine du Racing lors de la saison mythique du titre en 1979. Arrière latéral de devoir, capable de jouer à tous les postes défensifs, le Breton d’origine était en fait un Alsacien de l’Ouest. Celui qui parlait avant les matchs avec son verbe haut et facile. Celui qu’on écoutait en hochant la tête. Adoré du public parce qu’il ne rechignait jamais à la tâche, Jacky Duguépéroux a très vite obtenu ses diplômes d’entraîneur. Sur le terrain, il comprenait le jeu mieux que quiconque, ce qui lui a valu les hommages de Gilbert Gress en personne. Et ce n’est pas rien ! Logiquement reconverti entraîneur, il a dirigé les Pierrots Vauban et Benfeld avant de prendre en charge les équipes de jeunes du Racing au début des années 1990. Au printemps 1995, il prend la suite de Daniel Jeandupeux. Un vertige immense. Une réussite absolue, ponctuée par la victoire en Coupe de la Ligue 1997 et des épopées européennes légendaires. De Budapest à Milan en passant par Liverpool, Jacky Duguépéroux a contribué à faire briller les couleurs du Racing sur la scène continentale. Quoi de plus normal pour Strasbourg, capitale de l’Europe ? Il revient à la rescousse du club en 2004, après être devenu recruteur. On lui doit notamment la venue de Kévin Gameiro, qu’il a ensuite lancé avec les professionnels. Homme de tempérament, méthodique et parfois dur avec ses joueurs, il remet — encore une fois — le club dans le droit chemin. Et comme neuf ans plus tôt, il inscrit une ligne supplémentaire au palmarès du club avec la Coupe de la Ligue 2005, emmené par le duo d’attaque magique que formaient Mamadou Niang et Mickaël Pagis. Après deux saisons en Tunisie, où il remporta une nouvelle coupe, le Breton est revenu vivre en Alsace, sa terre d’adoption. Le temps de faire une dernière pige au Racing, alors englué en National, et d’ajouter un dernier titre à son immense palmarès.

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Jacky Duguépéroux lors de son deuxième passage au club | Photo Icon Sports


#36 René Girard

🗓️ 1998 / 11 matchs

Avant de remporter le championnat avec Montpellier en 2012, René Girard a effectué un très court passage au Racing. Sa mission : remplacer Jacky Duguépéroux – dont il était l’adjoint – et obtenir un maintien mal engagé. L’épopée en Coupe UEFA achevée contre l’Inter Milan de Ronaldo a sans doute laissé des traces. Mais en quelques semaines, l’homme au sang chaud et au franc-parler typique du Sud est parvenu à redresser l’équipe. En renforçant le système défensif et en donnant les clés du jeu à Corentin Martins, René Girard a atteint son objectif. Avec seulement neuf rencontres dirigées en Division 1, il reste encore aujourd’hui l’entraîneur — hors intérim — ayant réalisé le passage le plus court à la tête de l’équipe dans l’élite à égalité avec le Hongrois Jenő Csaknady en 1971.


#37 Pierre Mankowski

🗓️ 1998-1999 / 53 matchs

C’est une histoire de fidélité. Pierre Mankowski débarque en bordure du Krimmeri en juillet 1998, quelques jours après avoir été éliminé de la Coupe du Monde avec le Cameroun. Il était alors l’adjoint de… Claude Le Roy, qui cumulait les fonctions de sélectionneur des Lions Indomptables et de manager général du Racing. D’un naturel calme et placide, celui qui totalise trois montées en Division 1 avec Caen et Le Havre, n’a pas eu les résultats escomptés en Alsace. Malgré les révélations Habib Beye et Peguy Luyindula, son équipe peine offensivement. Le défenseur central Teddy Bertin termine meilleur buteur de l’équipe en 1998-1999. Après seize mois de résultats moyens, dans un contexte extra-sportif compliqué, il est remplacé par… Claude Le Roy.


#38 Claude Le Roy

🗓️ 1999-2000 / 42 matchs

Figure respectée du football international, Claude Le Roy remplace lui-même son ami Pierre Mankowski à la tête de l’équipe première en novembre 1999. Manager général de l’équipe, en charge du recrutement, il avait désormais les pleins pouvoirs au Racing. Un cumul des mandats qui lui a valu quelques ennuis… Sous ses ordres, avec des joueurs soigneusement recrutés, le Racing n’a hélas jamais décollé. Malgré quelques rencontres abouties, notamment face à Lyon un soir de triplé de Peguy Luyindula, en février 2000, on retient surtout les échecs de celui qui a gagné le surnom mérité de sorcier blanc au gré de ses pérégrinations africaines. Sous ses ordres, le Racing a sans doute connu une des plus grandes bévues de son histoire en Coupe de France face à Calais (1-2). Sa relation avec le public de la Meinau n’a jamais été au beau fixe, mais il possède tout de même un ratio honorable de près de 40% de succès avec le Racing en tant qu’entraîneur.

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Claude Le Roy ne portait jamais le survêtement | Photo Topimages


#39 Yvon Pouliquen

🗓️ 2000-2001 / 24 matchs

De l’ombre à la lumière ! Rien n’était prévu comme ça, mais Yvon Pouliquen restera l’entraîneur qui a fait entrer le Racing dans ce siècle. Adjoint de Jacky Duguépéroux chez les professionnels puis de Jean-Marc Kuentz chez les jeunes, le Breton a hérité de l’équipe première en pleine tempête, contre vents et marées, à l’aube de l’hiver 2000. Infatigable milieu de terrain, capitaine emblématique du Racing du début des années 1990, Yvon Pouliquen était l’indispensable homme de l’ombre. Celui aux trois poumons. Son but en demi-finale de la Coupe de France 1995 contre Metz, sous un orage apocalyptique, l’a propulsé au rang de légende. S’il n’a pas réussi à assurer le maintien malgré un effectif talentueux composé de Corentin Martins, Danijel Ljuboja ou encore l’Alsacien Pascal Johansen, son nom sera à jamais celui associé à la victoire en Coupe de France 2001. Le Racing — déjà relégué — a attendu les tirs au but pour venir à bout d’Amiens, alors en National. Si Yvon Pouliquen était l’homme de l’ombre, il s’est offert la lumière d’un trophée éternel.


#40 Ivan Hasek 🇨🇿

🗓️ 2001-2003 / 89 matchs

On peut être d’origine tchèque et tomber sous le charme de l’Alsace ! Ancienne gloire de la sélection tchécoslovaque (56 sélections), milieu de terrain de bon niveau, Ivan Hasek a consacré près d’une décennie au Racing. Comme joueur, tout d’abord, même si une blessure l’a empêché de donner la pleine mesure de son talent au début des années 1990. C’est surtout en tant qu’entraîneur qu’il a marqué les esprits. Choisi par Marc Keller, alors manager général, Ivan Hasek a certes hérité d’une équipe reléguée en Division 2, mais qui avait fière allure. Flanqué d’une excellente réputation après avoir remporté deux fois de suite le championnat local, le francophone est arrivé avec des idées claires : sa rigueur et un système avec deux attaquants de pointe. Sous ses ordres, en 4-4-2 losange ou en 5-3-2, le Racing a immédiatement retrouvé l’élite et s’est maintenu sans trembler. Après deux saisons de bons et loyaux services, Ivan Hasek a décidé de rentrer en République Tchèque pour retrouver sa famille. Il a aussi prouvé qu’on pouvait être Alsacien et tomber sous le charme d’un Tchèque !


#41 Antoine Kombouaré

🗓️ 2003-2004 / 49 matchs

Son coup de tête contre le Real Madrid, en quart de finale de la Coupe UEFA 1993, l’a propulsé dans les livres d’histoire. Mais c’est bien au Racing que le légendaire défenseur du Paris SG a fait ses débuts sur un banc dans l’élite. Il faut saluer l’audace des dirigeants de l’époque qui ont nommé un novice à la tête de l’équipe première. Fin connaisseur du championnat, Antoine Kombouaré a su combler son manque d’expérience par sa poigne et son état d’esprit. Compétiteur né, il a proposé un jeu offensif et chatoyant tout au long de son passage en Alsace. Le succès 4-1 contre Marseille, un soir d’automne en 2003, est un chef d’œuvre collectif. Une victoire qui reste à travers les âges et le temps. Malgré une fin de parcours en demi-teinte, conclue après 49 rencontres, Antoine Kombouaré a laissé un bon souvenir aux supporters alsaciens, grâce à sa simplicité et à sa sympathie.


#43 Jean-Pierre Papin

🗓️ 2006-2007 / 44 matchs

C’est un homme qu’on ne présente plus. En recrutant Jean-Pierre Papin, Ballon d’Or 1991 et légende du football français, le Racing a frappé un très grand coup à l’été 2006. Dans un souci constant d’innovation, les dirigeants ont confié la responsabilité de l’équipe première — tout juste reléguée — à un homme qui n’avait jamais entraîné en professionnel. Les habitués des entraînements se souviennent forcément de ses séances très animées et vivantes, où il n’était pas rare de le voir participer aux exercices face au but. Et la vérité oblige à dire qu’il n’avait rien perdu de son talent, suscitant l’admiration de ses joueurs ! Si le Racing a obtenu la remontée immédiate, avec comme point d’orgue une victoire décisive contre le rival messin, les prestations livrées par ses joueurs n’ont pas laissé un souvenir impérissable. Avec des succès souvent étriqués, par un but d’écart au bout des arrêts de jeu, le Racing de JPP a surtout brillé par son efficacité.

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Jean-Pierre Papin lors d'une rencontre de championnat | Photo Topimages


#44 Jean-Marc Furlan

🗓️ 2007-2009 / 82 matchs

Jouissant d’une belle cote après ses succès avec Libourne en Coupe de France et Troyes en Ligue 2, Jean-Marc Furlan signe au Racing à l’été 2007. Adepte d’un football offensif et de possession, ses premiers mois à la tête de l’équipe ont été une vraie réussite, guidés notamment par le Colombien Wason Rentería et Renaud Cohade. Après un départ prometteur, les mauvais résultats se sont malheureusement enchaînés, jusqu’au funeste record de onze revers consécutifs qui a emmené le club à la relégation. Devenu impopulaire auprès des supporters, Jean-Marc Furlan n’a pas réussi à faire remonter le club. La rencontre perdue à Montpellier lors de la dernière journée, la chaleur de la Mosson, la frappe de Kandia Traoré, resteront pour toujours un amer souvenir. S’il n’a pas connu le succès attendu en Alsace, le technicien est néanmoins devenu une référence dans l’hexagone, spécialiste — à juste titre — des montées dans l’élite.


#46 Pascal Janin

🗓️ 2009-2010 / 40 matchs

En l’espace d’une poignée de semaines d’un été 2009 brûlant, Pascal Janin a porté toutes les casquettes du département sportif du Racing. Au sens propre et au sens figuré, parce qu’il était un adepte de ce couvre-chef, du printemps à l’hiver. Arrivé comme adjoint de Gilbert Gress, Pascal Janin a été propulsé entraîneur principal quelques jours seulement après avoir assuré l’intérim. Difficile de suivre, c’est un fait, et c’est à l’image de la période trouble que traversait le Racing à cette époque. Le début des ennuis… En héritant d’une équipe en difficulté, composée de jeunes du centre de formation et de quelques cadres (Cassard, Lacour, Fauvergue), l’ancien gardien de but n’a pas réussi à sortir le club de sa torpeur. À la fin de l’exercice 2009-2010, après une nouvelle défaite aux airs crépusculaires à Châteauroux, le Racing était relégué en National pour la première fois de son histoire.


#47 Laurent Fournier

🗓️ 2010-2011 / 48 matchs

Laurent Fournier s’engage avec le Racing à l’été 2010, quelques semaines après la relégation de l’équipe en National. International français et ancienne gloire du Paris SG, il réussit rapidement à souder l’équipe autour de lui dans un contexte miné par l’instabilité. Après un début de saison poussif, l’éphémère président Jafar Hilali décide de se séparer de lui en pleine saison, avant de changer d’avis après une prestation aboutie en Coupe de la Ligue… C’est le point de départ d’une incroyable remontée, impulsée par Stéphane Noro, mais insuffisante pour retrouver la Ligue 2. Très apprécié au sein de son vestiaire et pas aidé par un gouvernance burlesque, c’est un euphémisme, Laurent Fournier laisse un très bon souvenir en Alsace. L’ovation que lui a réservée la Meinau lors du dernier match de la saison 2010-2011, le chant du cygne contre Bayonne, en atteste.


#49 François Keller

🗓️ 2011-2014 / 105 matchs

Il n’y avait plus rien. Plus d’équipement, pas même un maillot neuf. Des joueurs sans contrat. Un stade laissé à l’abandon, où la poussière recouvrait les sièges et les souvenirs. Dans ce club riche de plus de cent ans d’histoires, au pluriel, il n’y avait plus rien. Ou presque. Seule restait l’âme du Racing, celle qui défie le temps, celle qui dit tout ce qui ne s’écrit pas. Dans ce crépuscule, François Keller l’a incarnée mieux que personne. Quand tous ont quitté le navire, à l’été 2011, lui est resté avec sa bande, avec Guy Feigenbrugel et Jean-Marc Kuentz. L’entraîneur de l’équipe réserve du Racing s’est ainsi retrouvé en première ligne, sur tous les fronts, dans l’urgence, s’occupant des affaires courantes comme on gère un club de village et son club-house. En plus d’entraîner, François Keller occupait les fonctions de DRH, recruteur, intendant et même chauffeur ! Avec lui, le Racing a connu les premiers jours du reste de sa vie. Des pelouses les plus prestigieuses de France et d’Europe, ses jeunes joueurs ont basculé vers celles de Forbach, Steinseltz et de l’équipe C d’Auxerre. Titulaire du DEPF, François Keller a réussi à sortir son club de toujours des tréfonds de la CFA 2 jusqu’au National en deux saisons seulement. Avec le Fussballgott David Ledy en tête de gondole, mais aussi le capitaine Ludovic Golliard, Gauthier Pinaud ou Anthony Sichi, ils sont les bâtisseurs du Racing d’aujourd’hui. En écho aux performances actuelles, il ne faut jamais oublier celles d’hier. Les plus beaux succès, à Grenoble ou à Lyon-Duchère. Et le plus mythique de tous contre Raon-l’Étape, un soir de juin 2013 où le destin du club a changé. Mais aussi les défaites, celles qui forgent et qui font grandir, contre Pontarlier, Luzenac ou Moulins. Devenu directeur de la Racing Mutest Académie, le natif de Colmar a permis l’éclosion de plusieurs talents comme Youssouf Fofana, Mohamed Simakan, Anthony Caci ou Habib Diarra. Le voir aujourd’hui à la tête du centre de formation, là où on veille à transmettre cette mémoire, n’a rien d’anodin. Car il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. François Keller sera toujours là pour le rappeler.