25 août 1934 : le premier match de Strasbourg en première division

Imaginez un peu ! Pour une première, c’est une première de gala. Pour leurs débuts dans l’élite, quelques mois après une promotion acquise dans la douleur, les novices alsaciens héritent du champion de France en titre. Sète, l’ogre du championnat, passé maître en conservation du ballon et qualifié par L’Équipe de « grande équipe scientifique ». Les mots ont un sens, et personne ne croit vraiment le Racing capable d’un exploit.

Les vrais savent. Les étés en Alsace sont redoutables, et ce 25 août 1934 n’échappe pas à la légende. Sous une chaleur lourde et un soleil brûlant, 6000 spectateurs se massent à la Meinau. Malgré les pronostics, l’enthousiasme est général et quelques chants descendent des tribunes. Pas de quoi impressionner l’adversaire sétois, qui met rapidement son jeu en place et donne une véritable leçon aux protégés de Friedrich Kerr. Pour ceux qui pensaient que rallier le stade de la Meinau depuis la place Kléber ne prenait pas plus de 30 minutes, c’est déjà trop tard. Malheur aux retardataires, Sète mène déjà 1-0 après une minute de jeu. La différence de niveau entre les deux équipes est délirante, les joueurs du Racing, issus pour la plupart de deuxième division, sont complètement dépassés… Ils n’alignent pas trois passes et on craint le pire pour le score final. Vraiment. D’ailleurs, le gardien adverse René Llense ne touche pas le ballon pendant le premier quart d’heure.

Extrait de L'Auto Journal du dimanche 26 août 1934.

D’abord témoin, le Racing passe ensuite acteur de la partie, emmené par son meilleur joueur et capitaine, Frédéric Keller. Le futur ailier droit de l’équipe de France rate d’abord un penalty, à la suite d’une main volontaire sur sa ligne du défenseur Louis Gabrillargues. Preuve que le Racing va mieux. Puis l’ailier gauche Emile Harthong égalise au quart d’heure de jeu, et restera pour l’éternité le premier buteur de l’histoire du Racing en première division. Les joueurs prennent la mesure du match et s’adaptent au rythme adverse. Le niveau de jeu de la première période est hallucinant, le champion de France en titre est dépassé. Renversé, même, par les attaques dans les couloirs du Racing. Frédéric Keller marque 2 buts, et en offre un sur centre à l’inter gauche Franz Sattler. C’est irréel, mais le Racing mène 4-1, puis 5-2 contre le champion de France en titre !

5 - Le Racing devient le premier club de l’histoire à marquer 5 buts au tenant du titre en première division, performance qu’il ne rééditera plus jamais.

Le petit promu que personne n’imaginait gagner ce match signe un début canon, prémisse d’une saison fantastique où il va passer à deux doigts de gagner le championnat. Et il se dit que le chemin retour, à pied jusqu’à la place Kleber, a duré bien plus qu’une demi-heure !

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