29 mai 2009 | Le Racing rate la montée à Montpellier (1-2)
Un nul aurait suffit au Racing pour retrouver la Ligue 1. Mais les hommes de Jean-Marc Furlan ratent le match de la montée dans une Mosson en fusion (1-2). Retour sur une soirée qui a fait basculer le destin du Racing, et par ricochet celui du football français.
On dit que les mauvais moments font les bons souvenirs. Pas sûr. La lecture du classement avant la journée permet de borner l'enjeu de la rencontre : un nul suffit au Racing, deuxième, pour monter en Ligue 1. Problème, il affronte Montpellier, troisième, dans un stade de la Mosson en fusion. Boulogne sur Mer, quatrième, n'a qu'à battre Amiens pour être sûr de monter sur le podium. Le traquenard parfait ! Et dire que trois ans plus tard, Montpellier sera sacré champion de France de Ligue 1, tandis que le Racing remportera le groupe C de la CFA2…
Comment le Racing a-t-il joué ?
Pour cette finale de la saison, Jean-Marc Furlan décide d'aligner son équipe type du moment, en 4-2-3-1 avec Marcos en meneur de jeu libre. Il ne déroge pas, sur le papier tout du moins, à ses principes de jeu offensifs. "On y est allé avec beaucoup d'ambition, il n'y a aucun regret par rapport à la composition d'équipe avec un schéma équilibré et offensif" nous explique Grégory Paisley, aligné en charnière aux côtés de Steven Pelé. L'âge moyen des titulaires est de 28 ans et 360 jours, le benjamin étant Jean-Alain Fanchone (20 ans et 269 jours). Il y a l'expérience suffisante pour gérer la pression d'un tel match à enjeu.
17 coups francs !
Plus personne ne se souviendra avec précision des consignes de Jean-Marc Furlan avant la rencontre, mais la probabilité qu'il ait évoqué les coups de pieds arrêtés est élevée. Car Montpellier possédait en ses rangs un des meilleurs tireurs en France à l'époque : Tino Costa. Pur gaucher, l'Argentin était réputé pour ses frappes et sa précision. Et le chiffre qui va suivre fait froid dans le dos : 17. Comme le nombre de coups francs dangereux concédés par le Racing aux abords de la surface de Stéphane Cassard, soit un toutes les 5 minutes environ… "Le problème vient de la gestion des émotions. On sait pertinemment qu'il ne faut pas faire de fautes parce qu'en face il y a Costa, mais on n'a pas su gérer ces situations" regrette Grégory Paisley. Après 20 minutes, le Racing était déjà mené 2-0. Inutile de préciser à la suite de quelles occasions…
Le même circuit qui ne fonctionne pas
Mené au score et donc quatrième du classement, le Racing doit réagir s'il veut monter en Ligue 1. Très souvent sauvé par des exploits individuels (Lacour à Troyes, Bah à Guingamp), le Racing manque d'inspiration depuis plusieurs semaines et peine à mettre en place son jeu collectif du début de saison. Il y a bien quelques réminiscences de la connexion latéral-excentré exigée par Jean-Marc Furlan. D'ailleurs, la plus grosse occasion du Racing provient d'un triangle entre Marcos, Bezzaz et Traoré, dont la frappe longe la ligne. Attaquer le dos des latéraux adverse fait partie du plan de bataille de Jean-Marc Furlan, mais il s'avère bien trop peu utilisé…
Le penalty manqué par Renaud Cohade (sur lequel Johann Carrasso se blesse aux ligaments) accentue encore l'impression visuelle. Mené 2-0, le Racing use et abuse du jeu long, notamment par Pierre Ducrocq qui force des passes impossibles vers James Fanchone. Les paires dans les couloirs étaient l'essence même du Racing version 2008-09, mais le premier n'a jamais trouvé le second sur la pelouse de la Mosson. Sur la capture écran ci-dessous, visualisez la zone de plusieurs dizaines de mètres sans soutien, qui a peut-être contraint le latéral droit du Racing a user de ce circuit.
Sur bien des situations, fatigués ou lassés de faire des appels pour rien, les milieux axiaux Renaud Cohade et Guillaume Lacour ne viennent même plus proposer de solutions courtes. Au lieu de ça, les défenseurs balancent sur Kandia Traoré et Marcos devant, très rapprochés. Evidemment, toutes les analyses à froid du monde ne pourront pas retranscrire la tension et l'obligation d'égaliser, qui a pu pousser le Racing à jouer long un peu à l'aveugle.
Le face à face de Traoré
Montpellier se créé les plus grosses occasions de la seconde période, avec notamment 2 buts refusés (un ciseau de Lilian Compan valable et une main volontaire de Victor Montano), une barre, un poteau et un ballon sauvé sur la ligne à la suite de… coups francs ! Mais les défenseurs de l'aphorisme "Il y a en a toujours une dernière" ont raison. A la dernière seconde ou presque, Kandia Traoré a l'occasion d'égaliser et d'envoyer le Racing en Ligue 1, seul face à Geoffrey Jourdren. Il tire fort, peut-être trop, et le futur champion de France en 2012 sauve les siens. Sur la vidéo ci-dessous, Grégory Paisley nous avoue que cette action le hante encore, onze années après. Nous aussi, à vrai dire…