2 juin 2013 | Le Racing bat Raon-l'Etape (3-2) et monte en National !
Le match qui a tout fait basculer. Le Racing passe en tête du classement de CFA pour la première fois de la saison lors du dernier match, sur la pelouse du leader Raon-l'Etape (3-2). Retour sur un après-midi de légende.
Ce sont les bâtisseurs. Ceux grâce à qui le Racing s'invite aujourd'hui régulièrement à la table des habitués de l'élite. Le 2 juin 2013, pour la première fois de la saison (!), le Racing prend la première place du classement de CFA et monte en National après une victoire chez le leader Raon-l'Etape. Ou plutôt à Epinal, ville en capacité d'accueillir tous les supporters alsaciens. L'histoire retiendra que l'équité sportive n'a pas tout à fait été respectée en privant les joueurs de Raon-l'Etape d'une finale dans leur stade. Et on ne saura jamais si le résultat aurait été différent ailleurs… Mais il s'agit de ne jamais oublier.
Comment le Racing a-t-il joué ?
Seuls les entraîneurs les plus fous (ou les plus courageux) changent de système à l'aube d'un match décisif. François Keller, en bon Alsacien, est un homme pragmatique. Il reconduit son 4-4-2 à plat, avec Julien Perrin en "9 et demi" pour descendre chercher des ballons et, surtout, jouer le point de fixation pour le jeu long. C'est un peu une image d'Epinal (sic), mais les vieux briscards trentenaires sont à l'arrière (Golliard, Sikimic, Momha), les jeunes moteurs au milieu (Coulibaly et Amofa) et les joueurs rapides, à leur sommet physique, dans les couloirs (Pinaud et notre invité Sabo).
Pas 4 passes échangées avant… la 24e minute !
Pour ne rien cacher à nos lecteurs, la première période de ce match a été véritable purge, pardonnez-nous la familiarité du terme. Les spectateurs ont droit à un festival de dégagements, de fautes et d'approximations techniques. Le Racing enchaîne sa première séquence de 4 passes consécutives au sol très exactement à la 24e minute. Précisons qu'il s'agit d'un échange entre la charnière et le milieu axial, et que la dernière passe (ci-dessous) est à destination du gardien, un peu en l'air, avec rebonds. Gauclin est contraint de dégager…
Mais de la troisième division de district dans un derby de la Bruche à la finale d'un groupe de CFA, difficile pour les joueurs d'échapper au stress. Les joueurs du Racing en sont victime, le ballon semble leur brûler les pieds. "Il y avait du stress et beaucoup de pression. Jusqu'à la 30e minute, je me suis demandé comment on allait pouvoir gagner ce match et comment on pouvait jouer la montée en National tant la qualité était absente" nous explique Jean-Philippe Sabo. Sur l'action ci-dessous, Jacques Momha préfère balancer sur Julien Perrin que de jouer simplement sur Brian Amofa qui demande le ballon ou sur Milovan Sikimic, seul derrière. Abdoulaye Coulibaly, on le voit sur la vidéo, s'agace d'ailleurs du choix du latéral du Racing.
L'attaque de la profondeur
Les moins sévères parleront plutôt d'attaque de la profondeur que de longs ballons incertains. Car la force de ce Racing 2013 résidait dans ses couloirs offensifs, avec Gauthier Pinaud à droite (47 matchs de Ligue 2 avant de signer au Racing en amateur) et Jean-Philippe Sabo à gauche (5 matchs de Ligue 1, 68 de Ligue 2 et même une apparition en Champions League). Difficile de ne pas déchiffrer le plan de François Keller : attaquer la profondeur dans le dos des latéraux adverses pour provoquer des 1v1. Mission accomplie sur le premier but, où Jean-Philippe Sabo est trouvé dans l'espace. Le milieu gauche provoque l'adversaire, dribble et centre sur un défenseur qui marque contre son camp ! "C'était notre force, et comme il y a beaucoup de ballons aériens dans cette division, on a voulu passer sur les côtés pour ensuite mettre des centres" analyse Jean-Philippe Sabo.
Le réveil de Coulibaly
Pour permettre aux joueurs de couloir d'être mis dans les meilleures dispositions, il faut un axe très fort, verrouillé et serein. Tout l'inverse de ce qu'a proposé la paire Amofa-Coulibaly avant la mi-temps. Pressing à contre temps, approximations techniques, passes ratées. Pour faire court, les milieux axiaux du Racing ont tout fait à l'envers, se débarrassant de ballons à garder, et gardant des ballons dont il fallait se débarrasser.
La bonne seconde période du Racing coïncide avec la montée en puissance d'Abdoulaye Coulibaly. Difficile de ne pas y voir la touche de l'entraîneur, tant le gaucher est revenu transformé sur le pelouse après la pause. Il a littéralement changé le match ! En décidant de poser le jeu, de dicter le tempo, il a permis au Racing de conserver le ballon et d'enchaîner des séquences supérieures à 4 passes. Il est même l'auteur de l'avant dernière passe sur le troisième but. Mis sous pression par l'adversaire (ci-dessous), il oriente le jeu avec beaucoup de justesse vers Francisco Donzelot. Là où, en première période, il aurait sans doute dégagé le ballon.
Le Racing mène 3-0 et l'affaire semble pliée. Sauf qu'il encaisse 2 buts dans les arrêts de jeu et s'offre une grosse frayeur. "On s'est enflammé, on s'est vu trop beaux. Mais on a eu l'expérience, avec Gauclin et Sikimic, de calmer un peu tout ça et de mettre la pression sur l'arbitre quand il fallait" nous explique Jean-Philippe Sabo. Quelques années plus tard, ce match reste une référence d'émotion dans le coeur des supporters du Racing. On en frisonne encore aujourd'hui !