17 octobre 2003 | Le Racing en démonstration face à l'OM (4-1) !
Qui n'a pas vu cette rencontre ? Qui le regrettera à jamais ? Ce 17 octobre 2003, le Racing est en démonstration contre l'OM de Didier Drogba (4-1). On a revu le match. Quel était le plan tactique d'Antoine Kombouaré ? Analyse.
Comment le Racing a-t-il joué ?
Antoine Kombouaré est, à l'époque, un adepte de la défense à quatre. Il ne déroge pas à la règle à l'heure de recevoir le grand Marseille. Il aligne un 4-4-2 à plat tourné vers l'avant, avec seulement 2 milieux à vocation défensive (Bassila et Lacour). "En mettant Martins en meneur de jeu et avec Ulrich Le Pen qui se transforme en troisième attaquant, c'est un système plutôt offensif" nous avoue Cédric Kanté dans notre podcast consacré au match. Le plan de jeu est simple : toucher dès que possible les deux pointes avec beaucoup de verticalité. Le Racing multiplie les longs ballons, que Danijel Ljuboja parvient à maîtriser malgré les charges de Meïté et Van Buyten. Christian Bassila et Guillaume Lacour ne participent pas vraiment à la construction du jeu.
Le positionnement hybride de Corentin Martins
Le 4-4-2 sur le papier se transforme en effet en 4-2-1-3 avec le ballon. Corentin Martins vient mettre en difficulté les Marseillais en se positionnant plein axe, en soutien de Mamadou Niang et Danijel Ljuboja. Il libère ainsi le couloir pour Yves Deroff. Cédric Kanté nous explique le rôle du capitaine du Racing : "Coco n'était pas un joueur de débordement, il n'en possédait pas la vitesse ni la puissance, mais il était très vif sur ses appuis, il faisait de superbes orientations. C'était un vrai beau numéro 10, il savait rentrer dans les espaces et était très doué pour éviter les duels avec les adversaires."
Le capitaine du Racing a également beaucoup permuté avec Ulrich Le Pen, évoluant régulièrement à gauche, en faux pied. Il passe presque 25 minutes dans cette position en première période. C'est d'ailleurs de la sorte qu'il a réussi à marquer, d'une incroyable tête sur un centre d'Yves Deroff (capture écran ci-dessous). Corentin Martins est remplacé à un quart d'heure de la fin par le Tchèque David Kobylik.
171 - Corentin Martins est le plus petit joueur (1m71) à avoir marqué de la tête pour le Racing en Ligue 1 au XXIe siècle .
Défendre face à Drogba
Il n'a pas fallu beaucoup de temps à Didier Drogba pour mettre tout le monde d'accord à Marseille. Arrivé quelques mois plus tôt, il martyrise toutes les défenses de première division et d'Europe. Avant le déplacement à la Meinau, l'Ivoirien reste même sur 7 buts en 7 matchs, dont un contre le Real Madrid et un triplé contre le Partizan Belgrade en Champions League ! "Par rapport au style de jeu, Abdel (Fahmi) n'avait peur de personne. Il était plus en difficulté sur les petits gabarits et la vitesse, Drogba était dans donc ses cordes" nous explique Cédric Kanté. Difficile, néanmoins, de gagner un duel contre le Marseillais, monstre de puissance. La charnière du Racing est souvent mise en difficulté sur les longs ballons de Vedran Runje directement vers Didier Drogba (capture écran ci-dessous), avec des 2v2 très dangereux à négocier. S'il touche la barre en première période, le joueur de l'OM est globalement bien contenu par la défense du Racing, notamment un Mikael Dorsin des grands soirs.
Bassila, machine à laver du milieu
La Meinau n'a jamais été tendre avec lui, jugé maladroit voire dangereux par certains contempteurs. Peut-être n'avaient-ils pas leurs billets pour assister à ce match contre Marseille, où Christian Bassila a éteint le milieu adverse presque à lui tout seul. Le 4-4-2 à plat de l'OM, calqué sur celui du Racing, offrait donc un gros duel au milieu (Bassila-Lacour d'un côté, Celestini-Meriem de l'autre).
La mission du longiligne milieu de terrain du Racing est claire : empêcher Fabio Celestini de se retourner et d'orienter le jeu, quitte à sortir très haut et laisser de l'espace derrière lui. Sa grande taille lui permet de récupérer beaucoup de ballon, et il se permet même de luxe d'orienter le jeu de la tête. Une véritable machine à laver au milieu de terrain, travailleur de l'ombre indispensable dans le système d'Antoine Kombouaré. Il termine la rencontre sur un carton rouge, suite à une altercation avec Sébastien Perez.
La masterclass de Danijel Ljuboja
Après le match, les médias ont souligné, à juste titre, la prestation collective aboutie du Racing. Mais dans toute partition collective, il y a un chef d'orchestre. Ce soir-là, Danijel Ljuboja avait clairement enfilé le costume à queue de pie. "Il leur a tout fait" nous explique Cédric Kanté (vidéo ci-dessus). A la manière d'un faux 9, à l'image de Karim Benzema aujourd'hui, Danijel Ljuboja décroche sans cesse. Dans un registre où beaucoup de joueurs perdent habituellement le ballon, le Serbe garde tout, malgré les coups de Meïté, oriente, dribble et distribue (video ci-dessous).
Récompensé par son but sur coup franc direct, il termine le match avec 60 ballons joués, 5 frappes tentées et surtout 28 duels gagnés ! Sa prestation restera comme l'une des toutes meilleures d'un joueur lors d'un match ces dernières années, lui valant la une de L'Equipe le lendemain (voir ci-dessous) et de France Football la semaine suivante ! Malheureusement pour le Racing, il signera au Paris SG quelques semaines plus tard, laissant Mamadou Niang seul pour animer l'attaque du Racing. Cyril Chapuis, recruté pour le remplacer, ne donnera jamais satisfaction.
La une de l'Equipe du 18 octobre
4 - Marseille n'avait plus encaissé 4 buts en première division depuis le 23 janvier 2002 (Lyon 4-0 Marseille).